Mademoiselle Lenormand, de son vrai nom Marie-Anne Lenormand, est sans doute la voyante la plus célèbre des temps modernes. Elle doit cette popularité à un jeu de cartomancie qui porte son nom.
« Le grand jeu de société et pratiques secrètes » de Mademoiselle Lenormand paraît dès 1845 en cinq petits volumes, assorti d’un jeu de cinquante-quatre cartes devenu depuis un classique de la cartomancie et parfois présenté comme un Tarot. Il est actuellement baptisé « Grand jeu de Melle Lenormand ». Cependant des doutes sont émis à propos de la création de ce jeu par Melle Lenormand elle-même. Certains autres jeux qui portent son nom ont été édités par des éditeurs qui ont profité de la publicité faite autour de sa mort en 1843. Cette réputation de voyante a franchi les frontières, au point qu’un petit jeu de société de 36 cartes est né en Allemagne, au style très « germanique » et a été baptisé le « Petite Lenormand » mais qui n’est pas d’elle non plus. On compte donc au moins deux jeux qui ne sont pas d’elle bien qu’ils portent son nom.
Mademoiselle Lenormand se sert des cartes, mais aussi du marc de café, du plomb fondu etc. Cependant, sur ses ouvrages elle ne parlera guère des techniques qu’elle utilisait mais plutôt de ses visions et de ses oracles.
Etrange femme que cette Anne-Marie Lenormand. Née à Alençon le 25 mai 1772. Peu gracieuse et sans fortune, elle deviendra pourtant l’une des personnalité les plus en vue et aussi les plus déconcertantes de la Révolution, du Directoire et de l’Empire napoléonien. Mieux, elle allait, elle aussi, jouer un rôle dans la carrière et le destin de Napoléon Bonaparte.
A sept ans, elle présidait déjà l’avenir comme d’autres jouent à la marelle. A seize ans, moyennant quelques sous qui complétaient un misérable salaire, elle donnait des consultations de voyance dans l’arrière boutique de la lingerie qui l’employait. A quelques esprits éclairés, venus d’abord la voir avec une curiosité un peu amusée, elle prédit la Révolution à venir avec des détails sanglants et (du moins certains le prétendent) l’apogée puis la chute de l’Empire.
Elle s’installe au 9 puis au 5 de la rue de Tournon à Paris où elle demeurera pendant près d’un demi-siècle. Sa renommée devient immense. Le Tout-Paris de la révolution se presse chez elle. Toute la carrière de l’extraordinaire voyante est jalonnée de prédictions précises, à long terme et sans concession aux puissants du moment et sa franchise lui valut plus d’un ennui.
Elle sera arrêtée plusieurs fois. Napoléon, bien qu’il s’en défende (peut être se souvenait-il de Bonaventure Guyon) et bien que son code pénal interdise « tous ceux qui font profession de dévoiler l’avenir par les cartes ou tout autre moyen« , a été indiscutablement impressionné par ses talents. On lui reproche notamment d’avoir trempé dans un complot contre Napoléon tant sa prédiction était trop précise, à la date près, la conspiration qui faillit jeter l’empereur au bas de son trône et lui coûter la vie.