Bonaventure Guyon -?- 1804 était un astrologue, professeur en « mathématiques célestes » comme il se plaisait à s’appeler.
C’est au n°13 de la rue de l’Estrapade à Paris, dans un taudis, que vécu Bonaventure Guyon. Il serait certainement resté dans l’anonymat le plus complet si après sa disgrâce du 9 Thermidor, Bonaparte ne vint le consulter. Guyon lui dévoila son avenir et ce qu’il dit sur son passé permit au futur empereur d’être confiant en sa science des astres. Troublé, Bonaparte revint le voir plusieurs fois jusqu’au jour où, poussant sa science beaucoup trop loin, Guyon lui annonça la retraite de Russie, l’exil ainsi que la mort sur une île. Furieux, Bonaparte alors premier consul, cessa de le rencontrer. Le futur empereur n’a pas besoin d’oiseau de mauvaise augure. Bonaventure Guyon tombe dans la plus totale disgrâce.
Le 20 mars 1804, dans la nuit qui suivit la date tragique de l’exécution du duc d’Enghien, une sentinelle du palais tira sur une ombre dans le jardin des Tuileries après avoir fait les sommations d’usage. Elle avait donc fait feu sur un inconnu, le voleur, le terroriste peut être qui se dirigeait vers les appartements du premier Consul. L’ombre s’écroula. Prudemment, la sentinelle, après avoir rechargé son arme pour faire face à toute éventualité, s’approcha. Il n’y avait plus personne. Il ne restait sur le sol qu’une lanterne fraichement éteinte et un manteau écarlate. Il y avait du sang sur le tissu. Le mystère du manteau sanglant fera couler beaucoup d’encre. On parlera d’ailleurs de l’Homme rouge des Tuileries, qui à travers les siècles se serait manifesté dans ces jardins, à chaque tragédie du pouvoir en France. Quelques-uns pensèrent à Bonaventure Guyon et aux rapports singuliers qu’ils paraissaient entretenir avec Bonaparte. Mais on ne sut jamais ce qu’était devenu le vieil astrologue après avoir perdu la faveur du premier Consul. Aucun historien d’ailleurs n’a pu déterminer avec certitude qui il était véritablement. Un père défroqué de la Constitution civile du Clergé ont écrit certains. Pour d’autres, c’était un occultiste versé dans les sciences occultes et secrètes et « casé » auprès du futur empereur par d’énigmatiques ésotéristes…
Vous pouvez retrouver l’aventure de Bonaventure Guyon et de ses échanges avec Bonaparte dans le livre « L’homme rouge des Tuileries » par P. Christian (Guy Trédaniel – Editions de la Maisnie – réédition 1977) d’après l’oeuvre originale de 1863.